Marie est une maman de 3 garçons scolarisés à la maison depuis toujours. Elle est diplômée d’une maîtrise de biochimie et d’un master d’ergonomie, son mari a un master 2 en communication. Leurs trois enfants : Karol 11 ans 1/2, est en 6ème avec des cours par correspondance (cours sainte Anne), Joseph a 10 ans et est en CM2 (support librairie des écoles), Raphaël a 6 ans est en CP (librairie des écoles et Montessori). Dans cet interview, elle revient sur les talents développés par ses enfants grâce à l’école à la maison, mais aussi sur l’intérêt de ce choix éducatif, ou encore le lien entre l’IEF et les valeurs républicaines. Et elle nous explique pourquoi elle n’est pas prêtre à abandonner à ce choix de vie.

Liberté éducation : Quel(s) talent(s) votre enfant a-t-il développé(s) grâce à l’Instruction à Domicile (IEF) ?

Mes deux aînés sont tous les deux au conservatoire, l’un fait du violon et l’autre du piano. Beaucoup d’enfants scolarisés sont au conservatoire, eux aussi, cependant mon aîné a rapidement atteint un très bon niveau de violon (au-dessus de son âge) parce qu’il peut travailler longuement son instrument en journée. Il a aussi développé son goût de la construction puisqu’il fabrique toute sorte d’objets à partir de bois, de Kapla, de Légo, de papier…. augmentant sa créativité, et son esprit d’analyse puisqu’il crée lui-même ses plans.
Il lit de nombreuses heures chaque jour (2 à 3 gros livres par semaine ; sans compter les documentaires, BD…. qui passent entre ses mains et qui augmentent sa culture souvent remarquée par nos amis).

Mon deuxième a des difficultés à l’école (dysgraphique) ; il me semble évident qu’il se débrouille très bien en piano parce qu’il peut travailler son instrument en journée ; si nous devions faire des devoirs et des explications pour l’aider scolairement avec sa dysgraphie et ajouter à cela le piano, cela serait mission impossible ! Ce garçon nous enchante souvent en composant lui-même des morceaux de piano, ce qu’il peut faire autant qu’il veut, parce qu’il est en école à la maison. Il aime aussi courir quotidiennement. Il aime beaucoup les animaux et peut prendre du temps pour s’occuper tous les jours de notre chien et de nos deux chats, ainsi c’est lui qui leur donne à manger, à boire, les soigne… temps précieux avec la nature qui lui permet de se sentir utile.

Enfin, notre petit CP, aime dessiner, il passe près de 2 heures par jour à dessiner des bateaux, des voitures, … il progresse sans cesse et aime cela. Il lit déjà énormément.

Enfin, nos enfants peuvent faire plus d’activités qu’ils ne pourraient s’ils étaient à l’école puisque n’ayant pas de devoirs, ni le soir, ni le WE, ils ont bien plus de temps pour faire du tennis, du scoutisme…

Liberté éducation : quel métier votre enfant envisage-t-il de faire plus tard ?

Notre aîné veut devenir ingénieur en aéronautique, le 2ème commando,  le 3ème médecin-pompier-vétérinaire (rien que ça !). Mais ils pourront bien sûr changer d’avis et faire autre chose, ils sont libres !

Liberté éducation : quelle plus-value l’IEF a-t-elle pour votre vie de famille ?

La plus-value pour nous est essentiellement le temps, mais pas uniquement :
– pas de devoir le soir, pas de devoir le WE, c’est énormément de temps pour d’autres pratiques sportives et artistiques, participant au développement d’un individu plus harmonieux,
– c’est aussi plus de temps pour apprendre le service (en famille tout d’abord et autour de nous)
– c’est aussi du temps pour soi, pour se reposer, pour rêver, pour jouer, pour lire….
– c’est beaucoup moins de fatigue (trajets, temps de travail beaucoup plus court et plus efficace, travail allongé sur des thèmes qui leur plaisent, ce qui permet d’aborder aussi plus sereinement des sujets moins passionnants.

Un deuxième énorme avantage est celui du niveau de l’enfant : aller plus vite et plus loin avec ceux qui ont des facilités sans « perdre de temps », leur permettre de ne pas prendre de retard en cas de maladie ou de fatigue passagère car le travail n’avance pas sans eux, mais aussi passer plus de temps sur un sujet plus difficile pour l’enfant afin qu’il comprenne, adapter le support et aller plus lentement pour des enfants qui ont plus de difficultés.

Par exemple, il y a quelques jours mon garçon de 10 ans n’avait pas envie de faire ses exercices de français qui lui demandent toujours beaucoup d’énergie pour écrire (il écrit plus lentement que les autres), je lui ai donc proposé de travailler un peu sur l’ordinateur pour les exercices. Cela l’a remotivé, il a ensuite bien mieux fait la suite, au lieu de se décourager et de traîner la patte toute la journée. Enfin, je vois de l’entre-aide lorsque l’un des grands propose au petit de l’aider pour sa lecture, le grand est ravi d’avoir aidé et cela participe à l’estime de soi et le petit est très content d’avoir eu un moment de partage.

J’y vois aussi une plus-value concernant la socialisation des enfants : contrairement à ce que l’on entend et que l’on voit, beaucoup de mes amis trouvent mes enfants bien plus sociables que bon nombre d’enfants scolarisés. Ils ont une grande facilité à aller vers les autres, sans aucune peur et sans timidité ou frein tout en étant aussi polis que les autres. Ils peuvent avoir une grande discussion sympathique avec une voisine de 70 ans ou avec un pêcheur rencontré au cours d’une balade, avec le dentiste ou avec un enfant de leur âge, ils animent facilement des jeux pour les plus jeunes et y prennent du plaisir. Je trouve que l’IEF participe à développer un esprit de confiance en soi et de leadership chez les enfants, c’est le constat que je fais chez mes enfants.

Ils ne font partie de clans, comme on peut le voir à l’école : ainsi, que les enfants qu’ils rencontrent soient noirs, blancs, jaunes, fille ou garçons, croyants ou incroyants, bien portants ou malades…. il n’y a pas de besoin d’identité qui les pousseraient à écarter les autres, à rechercher à ressembler aux copains puisqu’ils ont confiance en eux, savent qui ils sont…. et apprécient ceux qu’ils rencontrent tels qu’ils sont. Je l’ai vu, il y en a peu puisqu’ils ont été choqués de voir des petits garçons scolarisés se moquer de petites filles sous prétexte que c’était des filles : « c’est bizarre, elles ne leur avaient rien fait ! ».

Enfin pour appuyer ce thème-là, je suis toujours admirative de leur capacité : au parc, sur la plage et partout où l’on va, de rallier tous les enfants qui jouaient au départ en petits groupes épars, sur un même jeu (parfois jusqu’à une vingtaine d’enfants de tous âges qui finissent à faire le même jeu de chat ou de château de sable sous leur leadership !…).

Liberté éducation : Récemment, quel moment sympathique avez-vous pu vivre grâce à l’IEF ?

Prenons le temps de l’Avent, nous avons pu faire de nombreux bricolages. Et bien sûr mes enfants aiment particulièrement les expériences scientifiques puisque nous avons un abonnement qui nous permet d’avoir du matériel de bonne qualité et des expériences toutes expliquées (niveau collège). L’autre moment sympa est quand on fait de la musique en famille : je chante et nous avons créé un groupe de musique familial.

Liberté éducation : Quelle a été votre réaction à l’annonce du projet de loi ?

Nous étions atterrés ! C’est juste incroyable au pays de la liberté, de la démocratie et des valeurs républicaines, qu’on puisse songer à des propositions de loi dignes du communisme et des pays sans liberté.

Liberté éducation : Si jamais la loi passait, quelle serait votre alternative ?

Nous avons la chance d’avoir créé un groupe de musique depuis juin dernier et nous demanderons l’autorisation de poursuivre, ce qui me paraît ubuesque de devoir demander cela !!! S’il n’y a pas de solution en France, nous n’excluons pas d’aller dans un pays plus respectueux des libertés fondamentales.

Liberté éducation : Selon vous, quel est le rapport entre IEF et valeurs républicaines ?

Tout ! La république s’appuie sur liberté-égalité-fraternité, c’est ce que j’enseigne à mes enfants ! alors comment leur dire : en fait, nous sommes au pays des libertés mais vous n’avez pas le droit de continuer l’IEF ! Oui ! Liberté car au-delà de leur apprendre théoriquement, nous leur apprenons à devenir des êtres libres et à être attentifs à la liberté des autres ! L’IEF n’est pas une école de celui qui dépassera l’autre mais c’est une école de la liberté et du respect, du service et du besoin de soi et des autres. Les enfants apprennent à respecter leur rythme et à être attentifs au rythme des autres. Ils apprennent à faire le repas… tout ce qui fera leur vie à venir, à devenir autonomes et responsables.

Fraternité : ils l’apprennent au contact de leur famille , tout d’abord, mais aussi des rencontres de toute personne qui ne leur ressemble ni en âge, ni en rien.

Egalité: parce que l’IEF permet l’égalité des chances pour tous les enfants, pour les surdoués ou ceux qui sont en difficultés, de la même manière. C’est un vrai plus pour notre société car elle permet à des enfants de développer leur potentiel, de ne pas ressembler aux autres et d’être non des consommateurs passifs mais des acteurs de leur avenir.


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