Un phénomène de mainmise de l’Etat sur l’autorité parentale au prétexte de vouloir éduquer lui-même les enfants est de plus en plus inquiétant.
Pourtant, les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants. L’article 26,3 de la Déclaration universelle des Droits de l’homme, dont les rédacteurs fustigeaient la mainmise des Etats totalitaires du 20ème siècle en matière d’éducation, le rappelle clairement :
«Les parents ont par priorité le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants.»
En France, suite aux nombreuses discriminations et entraves faites aux familles ayant choisi l’école à la maison, la question se pose en France en ces termes : nos enfants appartiennent-ils désormais à l’Etat ?
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On le constate bien pour l’école à la maison avec ces refus croissants des académies, opposés aux parents, sans motifs sérieux. Ainsi, l’été dernier, nous avions épluché plus de 400 dossiers de refus de familles s’étant tournées vers notre association : ces refus n’étaient dans leur immense majorité absolument pas justifiés et ils ont donné lieu à de nombreux recours devant les tribunaux administratifs (plus de 250 au total sur le territoire national, selon le ministère lors d’une audience au Conseil d’Etat).
Et lorsque les familles obtiennent gain de cause, comme ce fut le cas par exemple à Rennes en fin d’année 2022, le ministère fait appel, preuve d’un jusqu’au-boutisme idéologique, absolutiste et autoritaire.
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Nous accompagnons plusieurs familles dans cette situation, et sommes inquiets des dérives discriminatoires de certaines académies, comme celle de Toulouse, où les familles ont essuyé 90% de refus purs et simples (1).
Un collectif local de familles a d’ailleurs matérialisé cette intransigeance bureaucratique lors d’une opération devant le siège de l’académie :
Malheureusement, la terrible situation des familles dans l’académie de Toulouse n’est pas un cas isolé, même si le rectorat obtient ici le pompon rouge avec une interprétation ultra-restrictive de la nouvelle loi, allant jusqu’à broder sur le texte de la loi. Arguant par exemple que les parents devraient justifier d’un motif exceptionnel démontrant l’impossibilité de mettre ses enfants à l’école :
1/ @actoulouse et @MostafaFourar ne nous déçoivent jamais en matière d'interprétation extra légale : l'ief autorisée "pour certains motifs justifiés, incompatibles avec une scolarité complète en établissement." C'est quel texte exactement ?
Parce que ce n'est pas la loi pic.twitter.com/ZhasNQUJ7r— Collectif Félicia (@fedefelicia) March 9, 2023
Le même phénomène de mainmise à l’école
On constate aussi ce phénomène de mainmise à l’école, sur les enfants dès le plus jeune âge, avec par exemple de nombreux parents qui se voient refuser de récupérer leur enfant de 3 ans pendant la journée, alors que l’école à la maison permettait de le faire, avant cette nouvelle loi liberticide. En effet, il faut désormais faire la demande entre le 1er mars et le 31 mai, pour l’année suivante : une entorse au droit fondamental des parents, contre le bien des enfants !
Alors c'est ça l'école maternelle de nos jours @education_gouv ? Vouloir absolument que des enfants de 3 ou 4 ans aillent à l'école l'après-midi quitte à les priver de sommeil ? Refuser des aménagements de temps scolaire pourtant prévus par la loi ? pic.twitter.com/4wvGg1NhjE
— Sophi (Charlotte) (@bloody_sophi) March 9, 2023
Le même phénomène de mainmise avec le SNU
On constate encore ce phénomène d’emprise sur l’éducation parentale avec le projet du président de rendre obligatoire le SNU, dénoncé par de nombreuses organisations comme une mise au pas de la jeunesse. Exactement le même phénomène pour la mise au pas de l’école à la maison.
Le #SNU bientôt généralisé, pour mettre au pas les jeunes ? Un dispositif sécuritaire à l’opposé d’un parcours émancipateur basé sur des pédagogies de rencontre des jeunesses et de la citoyenneté. La #LDH en demande l’abrogation.https://t.co/FqD0kfvVyj
— LDH France (@LDH_Fr) March 8, 2023
Les mesures prévues en cas de généralisation-obligation du SNU sont d’ailleurs extrêmement coercitives, jusqu’à l’interdiction de passer le baccalauréat ou un autre diplôme, y compris le code la route, pendant 5 ans, et interdiction de se présenter aux concours administratifs, comme l’a révélé Libération.
Un camp de quinze jours où l’on inculque les principes de la République aux enfants marchant au pas et se mettant au garde-à-vous suffira-t-il vraiment pour « consolider le socle républicain », alors que c’était – jusque là – le rôle des parents et de l’école ?
Budget de l’opération SNU : jusqu’à 2 milliards (2), soit 4000 euros par camp pour un jeune, une somme qui permettrait au contraire de leur offrir de nombreuses formations diplômantes ou stages à l’étranger. L’arrêt de l’instruction en famille, coûtera, elle, un demi-milliard à l’Etat par an (3) !
Qu’à cela ne tienne, sur ce sujet, ils sont déjà allés très loin dans le déni démocratique :
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- En transformant le premier avis du Conseil d’Etat qui concluait au plus haut degré des motifs d’inconstitutionnalité
- En gardant secrets les rapports du ministère qui concluaient que seul 0,09% des enfants instruits en famille posaient problème et non pour des questions de radicalisme ou de séparatisme
- En influençant le Conseil d’Etat vis-à-vis du Conseil constitutionnel et sa réserve d’interprétation
Jusqu’où iront-ils ?
Notes
(1) Source : le recteur à Actu.fr
(2) Source : Mediapart.
(3) Un écolier coûte en moyenne 7000 euros/an à l’Etat, 72.000 enfants étaient instruits en famille l’année dernière.