« Ce matin, j’ai déposé mon fils de deux ans et demi à l’école, contrainte et forcée. »
Alors que plusieurs propositions de loi parviennent au bureau de l’Assemblée nationale pour rétablir la liberté fondamentale d’instruire en famille, les parents étant les premiers et principaux éducateurs de leurs enfants, voici le témoignage d’une maman IEF contrainte de déposer ce matin à l’école son fils de deux ans et demi. Un témoignage poignant qui illustre le calvaire traversé par ces familles.
« Ce matin, j’ai déposé mon fils de deux ans et demi à l’école, contrainte et forcée. Si je ne l’avais pas fait, mon mari et moi risquions 6 mois de prison et 15000 € d’amende, dixit une lettre de l’académie que nous avons reçue fin juin 2024. Nous n’avions pas encore choisi l’école dans laquelle nous étions obligés d’inscrire nos enfants, à la suite d’un refus d’autorisation d’instruction en famille. Pour la petite histoire, nous avions déjà eu l’autorisation pendant deux années consécutives, avec toujours des contrôles annuels positifs pour les aînés, et tous les amis de nos enfants ont reçu l’autorisation pour poursuivre l’instruction en famille. Quelle explication pour nous ? Aucune : arbitraire.
Quel est le pays qui force les parents qui s’occupent bien de leurs enfants (d’après les autorités éducatives du pays) à se séparer d’eux à 2,5 ans ? Savez-vous que ce n’est plus l’instruction qui est obligatoire depuis 2021, en France, mais l’école ? Et ce, dès l’année des 3 ans.
Certes, la quasi-totalité des enfants allait à l’école maternelle dès l’année des 3 ans bien avant 2021. Certes, l’école obligatoire dès le plus jeune âge peut être valorisée par rapport à des journées passées devant un écran ou qui ne parlent pas français.
Mais pour les parents francophone qui souhaitent s’investir davantage dans l’éducation de leurs enfants ? C’est non, ou de manière très aléatoire selon l’arbitraire de l’administration. Nous sommes des criminels potentiels, dignes d’être poursuivis en justice pour ce que nous souhaitons offrir à nos enfants : du temps, de l’intergénérationnel, une pédagogie adaptée, des activités qui nourrissent leurs talents à des horaires qui les gardent en forme.
Pour éclairer notre réflexion, il y a quelques éléments d’Histoire qui valent d’être connus. La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, écrite après la seconde guerre mondiale, contient un article voulu par un groupe de mères juives et catholiques. Il s’agit de l’article 26, alinéa 3 :
« Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants. »
Ces mères voulaient prévenir une redite des Jeunesses hitlériennes : groupes auxquels les enfants allemands de 14 à 18 ans étaient forcés de participer de 1939 à 1945. Il s’agissait du seul groupe de jeunesse autorisé à partir de 1936, le but étant de préparer une génération à servir dans l’armée pour défendre le régime nazi (1).
Dans quel pays donc force-t-on la séparation des parents de leurs enfants si jeunes ? C’est le nôtre : la France, « pays des droits de l’homme ». Le seul pays occidental à avoir rendu l’école obligatoire avant 4 ans révolus. Même la Hongrie a dû faire marche arrière : leur Conseil Constitutionnel a affirmé que l’école ne pouvait être obligatoire avant 4 ans révolus (2). L’immense majorité des pays occidentaux rend l’instruction (et non l’école) obligatoire à 6 ans.
Le Président Emmanuel Macron avait argué que les parents avaient toujours le choix de l’éducation grâce au choix d’école : dans un pays où 99,9 % (3) des enfants suivent le même programme scolaire ? En ce qui nous concerne, nous n’avions pas de choix crédible, par éloignement géographique ou coût prohibitif pour trois enfants.
Aujourd’hui, quelle préparation le Président Emmanuel Macron souhaite-t-il pour nos tout-petits (2) ? Quels sont les messages qu’il souhaite leur transmettre ? Nos enfants ont déjà compris en tous les cas : l’Etat peut agir de manière suffisamment arbitraire et injuste pour bouleverser leur mode de vie. La cible est manquée pour une loi qui souhaitait lutter contre le séparatisme. A quand un retour à une loi respectueuse de nos droits fondamentaux ? »
Pour aller plus loin :
- Et aussi, au sujet de ces refus :
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- La CEDH saisie par une famille au sujet du droit fondamental d’instruire en famille
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(1) Sous le régime nazi, Hitler a également interdit l’instruction en famille en Allemagne. Elle l’est toujours depuis, même si certaines familles la pratiquent, sans être inquiétées par les autorités locales la plupart du temps.
(2) Décision de la Cour Constitutionnelle de Hongrie, Septembre 2021, III, 17, AB, p. 1869.
(3) 130.000 enfants sont scolarisés dans des établissements hors contrat, libres de leur programme. Outre les 40.000 enfants scolarisés en famille, il y a donc plus de 99 % des enfants en âge d’être scolarisés qui suivent le programme établi par l’Education nationale (le sous-contrat doit suivre ce programme en échange du salaire des enseignants pourvu par l’Etat).
(4) Je précise que je remets en question notre Président et non le corps enseignant : la plupart des enseignants
devraient être sujet de notre reconnaissance et de notre respect, y compris de la part des parents.